Les dernières années ont été marquées par la pandémie Covid-19, avec un potentiel impact négatif sur les patients suivis pour une polyarthrite rhumatoïde (PR) du fait du risque d’infection grave, de déséquilibre de la PR, de modifications du suivi. Une cohorte de patients suivis pour une PR avait été évaluée au CHU de Dijon en 2019, permettant d’étudier l’impact de la pandémie avec comme objectif principal la comparaison de l’activité de la PR en 2023 versus 2019.

Les objectifs secondaires étaient l’étude de la gestion de la pandémie, la proportion et gravité des infections à Sars-Cov-2, le risque de poussée de PR dans les suites, la couverture vaccinale.

Étude de cohorte monocentrique, prospective et descriptive.

Cohorte 2019 : inclusion consécutive de 92 patients atteints de PR vus en consultation par 3 rhumatologues entre novembre 2019 et mars 2020, évaluation de l’activité de la PR par un questionnaire patient et médecin.

Cohorte 2023 : réévaluation des même patients, à l’aide d’un questionnaire patient et médecin. Recueil de données concernant le score DAS-28-CRP, traitement en cours, le nombre d’infections à Sars-Cov-2 et leur gravité, les arrêts de traitements et poussées de PR suite aux infections, le nombre de doses vaccinales, survenues de poussées suite aux vaccinations.

Analyse statistique par comparaison des variables quantitatives avec le test T de Student ou Wilcoxon, et utilisation du test de Mc Nemar ou Fischer pour les variables qualitatives avec un seuil de significativité p<0,05.

Au total, 81 patients ont été réévalués en 2023. Le taux de patients en rémission ou faible activité de leur maladie est resté stable comparativement à 2019 : 86,4 % (2019) versus 89,9 % (2023). Les proportions de patients traités par csdMARD et/ou ts/bDMARD étaient inchangées. Tous les patients de la cohorte ont été vaccinés contre le Sars-Cov-2, 5,2 % ont rapporté une poussée dans les suites. 55,1 % des patients ont contracté au moins une fois le Covid-19, mais aucun n’a présenté de forme grave, avec une poussée douloureuse dans les suites chez 18,9 % d’entre eux. Treize patients ont bénéficié d’un arrêt transitoire de leur traitement au décours de l’infection, et 4 ont présenté une poussée de PR.

Les résultats obtenus dans cette cohorte sont rassurants, démontrent un bon contrôle de la PR avant et après pandémie. Même si plus de la moitié ont contracté le Covid-19, aucun décès ni forme grave n’est survenu, peut-être dans un premier temps grâce à un bon contrôle de l’activité de la PR, puis probablement grâce à une couverture vaccinale optimale. Le taux de poussée de PR suite à l’infection était inférieur aux données de la littérature, chez des patients dont la PR était bien contrôlée. Chez certains le traitement de fond a été suspendu au décours des infections, selon des recommandations qui divergent selon l’ACR et EULAR, avec comme risque la survenue d’une poussée, cependant d’évolution favorable.

Cette étude de cohorte a mis en évidence une stabilité de l’activité de la PR avant et après pandémie de Covid-19 chez des patients suivis au CHU de Dijon. L’activité de la maladie au préalable était faible, ce qui a probablement été déterminant dans l’obtention de ce résultat, du taux faible de poussées rapportées post infectieuses ou vaccinales.